Les réseaux sociaux, une relation d'amour ou de haine ?

Hey les gars, qui veut encore café ?

J’ai dĂ» dire ça une dizaine de fois le week-end dernier, nichĂ© quelque part dans le sud de la France Ă  boire de la cafĂ©ine et du vin avec une bonne bande de copains.

Et non, il ne s’agit pas seulement de faire du vĂ©lo… Car derriĂšre l’homme des rĂ©seaux sociaux aux chaussettes colorĂ©es, il y a en fait un homme qui passe du temps (beaucoup) avec ses amis, mĂȘme si la plupart d’entre eux n’aiment pas le sport et ne partagent pas ma passion pour le vĂ©lo. La plupart d’entre eux sont simplement heureux de profiter des plaisirs simples de la vie : la bonne nourriture, le vin, quelques mojitos et, Ă  l’occasion, se transformer en fĂȘtard.

Je reviens tout juste d’un enterrement de vie de garçon assez Ă©pique. On ne pense jamais que ça va arriver, mais il semble que mĂȘme les meilleurs d’entre nous se font prendre un jour ou l’autre. LoĂŻc est sur le point de se marier alors on a fait un peu n’importe quoi et on a fait de ce week-end un moment inoubliable. Mais bon, ce qui s’est passĂ© Ă  Montpellier reste Ă  Montpellier et maintenant je suis de retour Ă  la maison. Retour avec tout mon bordel Ă©talĂ© sur le sol de ma chambre, retour avec les roues de rechange dans chaque coin et aux vingt emails dans chaque boĂźte, retour Ă  mon tĂ©lĂ©phone.

Je reviens tout juste d'un EVG assez épique. On ne pense jamais que ça va vraiment arriver.

Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?

Je suis de retour dans le rythme qui est le mien depuis 4 ans : mon vĂ©lo roule, mes quadriceps brĂ»lent et mon appareil photo prend des photos pour les rĂ©seaux sociaux (et des clients). Mais aprĂšs quelques jours d’absence, je me sens mal Ă  l’aise Ă  faire dĂ©filer mon flux… Et je rĂ©alise soudain que je ne suis pas seulement mal Ă  l’aise, je suis Ă©nervĂ©. En fait, je suis sacrĂ©ment Ă©nervĂ© et si je n’aimais pas vraiment mon tĂ©lĂ©phone, je l’aurais peut-ĂȘtre jetĂ© dans la poubelle la plus proche.

Mais ne suis-je pas censĂ© ĂȘtre l’amoureux des rĂ©seaux sociaux, l’instagrammeur, le maniaque du numĂ©rique ? Il semble que ce ne soit pas le cas aujourd’hui… Ai-je vraiment besoin d’une autre paire de seins dans ma gueule ?

Est-ce que j’ai vraiment envie de voir une demi-douzaine de publicitĂ©s dĂ©sespĂ©rĂ©es parsemĂ©es dans les dix premiers posts, dont six au moins sont des gars qui prĂ©tendent savoir faire du vĂ©lo ?

Traitez-moi de nostalgique ou de ce que vous voulez, mais quelque chose n’est plus tout Ă  fait comme il y a 4 ans…

OĂč est l’esprit original des rĂ©seaux sociaux ? Non, attendez : oĂč est la partie sociale ? Nous avions l’habitude de nous connecter les uns aux autres parce que nous avions quelque chose en commun, quelque chose Ă  partager !

OĂč est l'esprit originel des rĂ©seaux sociaux ?

OĂč est la partie sociale ?

Aujourd’hui, j’ai ouvert mon fil d’actualitĂ© Instagram et je me suis senti comme un touriste qui se fait arnaquer pour donner un like aprĂšs l’autre en Ă©change de petits goĂ»ts allĂ©chants d’une glace imaginaire.

Mon fil d’actualitĂ© n’est pas celui que j’apprĂ©ciais auparavant… Mon fil d’actualitĂ© est une suite de photos merdiques lĂ©gendĂ©es par la mĂȘme citation encore et encore… ouais vous savez, la merde motivationnelle « crois en toi tu es gĂ©nial » postĂ©e par une « superstar » d’Instagram hier et plagiĂ©e sans vergogne.

Mon fil d’actualitĂ© est une explosion de pubs embarrassantes payĂ©es par des  »guru » des rĂ©seaux sociaux dĂ©sespĂ©rĂ©s, qui chient probablement dans leur pantalon Ă  l’idĂ©e de faire face Ă  leur patron « non qualifiĂ© mais qui sait tout », en se demandant pourquoi il n’y a pas plus de likes sur leur publication. Mon fil d’actualitĂ© est une explosion de selfies et de maillot ouvert sur une paire de b00bs, de types assis sur des tubes supĂ©rieurs de vĂ©lo et de vĂ©los posĂ©s contre des murs.

OĂč sont les athlĂštes crĂ©atifs ?

Je sais que vous ĂȘtes lĂ  quelque part, derriĂšre les fesses, les biceps, les duck faces et les pubs. Mais un algorithme vous a tuĂ©, vous obligeant Ă  payer pour obtenir votre dose quotidienne de likes.

Vous Ă©tiez une source de fraĂźcheur et vous ĂȘtes devenu une source d’inspiration – une source de copie – pour les aspirants influenceurs : mĂȘmes lĂ©gendes, mĂȘmes hashtags, mĂȘmes angles et filtres… Un million de copies de quelqu’un dont le contenu Ă©tait une source quotidienne de plaisir.

Payer pour des likes, payer pour des follow, DM-me pour des collabs… J’avais l’habitude de m’engager sincĂšrement avec des gens Ă  cause du contenu cool qu’ils partageaient ; je ne les vois plus… Ils ont disparu parce qu’ils ont choisi de ne pas jouer le jeu payant d’Instagram, conçu par le respectable ( ?) Facebook !

Ils n’ont laissĂ© derriĂšre eux que des poseurs… Ces types font-ils seulement du vĂ©lo ? Comment changer une crevaison si vous ĂȘtes trop prĂ©occupĂ© par la position de vos Raybans ? Comment peux-tu pĂ©daler mĂȘme 2 km en pointant en avant des lĂšvres sur-botoxĂ©es ?

Merde, je veux voir les posts que j’avais l’habitude de voir : des routes infinies, des larmes, des paysages majestueux, des gens qui roulent ensemble, qui profitent d’une pause, qui reprennent leur souffle, qui profitent juste d’ĂȘtre un putain d’ĂȘtre humain, vivant et assez chanceux pour ĂȘtre en forme et en assez bonne santĂ© pour courir et faire du vĂ©lo ! DĂ©solĂ© mais non, mon abonnement Pornhub m’offre tous les maillots ouverts dont j’ai besoin.

Accro aux notifications...

Je pourrais continuer, mais hey, vous avez eu de la chance parce que ma diatribe a Ă©tĂ© interrompue par une notification Insta qui a refait ma journĂ©e. « Beautiful picture, my friend ». Je vais rester poli, d’accord ?

« Merci, cher bot, de booster mon engagement quotidien avec le mĂȘme commentaire au mot prĂšs jour aprĂšs jour. Es-tu seulement conscient que tu t’es dĂ©jĂ  abonnĂ©/dĂ©sabonnĂ© 4 fois ce mois-ci ? Alors, va te faire foutre : garde tes followers achetĂ©s et tes likes payĂ©s. Travaille dur, roule fort et montre-moi que tu en as une paire. Sinon, va retirer les roulettes de ton vĂ©lo. SincĂšrement, Guilhem »

Quant Ă  moi, je viens d’enfiler mon kit de vĂ©lo pour aller faire un tour avec le squad local. Sur le chemin du retour, je m’arrĂȘterai peut-ĂȘtre pour prendre une pose et un clichĂ©. De qui je me moque ? Je suis aussi l’un d’entre eux ! Mais je vais garder la foi que ma propre dĂ©pendance aux likes et aux rĂ©seaux sociaux sera satisfaite par des personnes et des cyclistes de la vraie vie.

Et si ce n’est pas le cas, je n’aurai qu’Ă  noyer mon chagrin autour d’un cafĂ© avec les crĂ©ateurs originaux d’Instagram ; ils ont quittĂ© l’entreprise il y a quelques semaines, coĂŻncidence ? ??.

Crédits photos : Emma BILHAM, amoureuse du coucher de soleil

FĂ©ru de vĂ©lo et accro Ă  la vitesse, avec un fort penchant pour les chaussettes colorĂ©es. Également athlĂšte, barista et spĂ©cialiste du marketing. PassionnĂ© de photographie et de bon cafĂ©, basĂ© entre l’Espagne et la Suisse. RĂ©seaux sociaux et produits : Guilhem Lacaze.

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