Nova Eroica, à la recherche de routes blanches

Routes blanches italiennes, Toscane, vin rouge ? Est-ce que ça vous dit quelque chose ? Il suffit d’ajouter une touche épicée de Gravel bike, de poussière et vous aurez l’un des cocktails les plus explosifs. La Nova Eroica – sœur de la célèbre Eroica – a eu lieu à Buenconvento, fin avril. Où étiez-vous ?

Eh bien, tout d’abord ! Gravel Bike ? Mais qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas vraiment une nouveauté puisque mon grand-père roulait sur son vieux  »colombus » sur des routes pas si bien entretenues que nous avons l’habitude de faire de nos jours sur un bitume parfait grâce à l’augmentation constante de mes factures d’impôts.

Gravel est juste un nom assez cool, à consonance américaine, que les spécialistes du marketing ont pris au sérieux pour me vendre un vélo de plus ; bon sang, j'ai été piégé.

Sur les routes de la Strade Bianche

L’introduction est faite, retrouvons-nous en Toscane – Buenconvento – à quelques kms au sud de Sienne – pour l’arrivée de la Strade Bianche dans une villa toscane très chic, mais probablement très chère, avec un bon vieux groupe d’amis de SCOTT Sports.

Inscrit pour le plus long parcours – 145 kms – je suis maintenant enthousiaste à l’idée de participer à la course. La courte reconnaissance est terminée – comprendre une journée complète sur le vélo – rouler sur les routes locales mais ô combien fantastiques, je ne peux pas arrêter de rouler. Poussière, dérap’, wheelies, mon nouveaux Gravel sait tout faire.

Alors que je me détendais avec mes amis autour d’un espresso – non, du vin rouge – nous venons de découvrir qu’il n’y a pas seulement 145 km à parcourir, mais aussi une course en ligne ouverte aux 150 premiers qui auront parcouru la plus longue distance. Retour à l’école, je compte sur mes doigts… je suis en forme… je vais avoir ces 36 kms de plus à faire. Ah oui !

La course commence à 7h du matin ! Le beurre de cacahuète, les protéines sont déjà loin dans mon estomac. C’est parti ! Les courses de gravel bike sont super conviviales car on roule tous ensemble jusqu’à la première spéciale chrono puis la course est lancée… Plein gaz, poussière, sueur, douleur… jusqu’à l’arrivée de la spéciale puis encore et encore pendant 5 étapes.

J’adore ça, rouler à fond sur un vélo de route avec juste une couche de caoutchouc supplémentaire sur mes pneus…

Quelle stratégie de course sur la Nova Eroica ?

J’accroche les bonnes roues, pas pour longtemps, ça commence à monter. Je rentre sur le plat, Bon, c’est l’histoire de la journée… J’ai réussi à finir 4ème… Mais hééé, vous vous souvenez qu’il y a 36 kms de plus à faire ? Juste le temps de se dégourdir les ischios, de trouver de l’eau fraîche à mettre dans un bidon poussiéreux, de prendre une barre grasse en attendant que le 150ème gars passe la ligne et c’est parti ! Le premier km est neutralisé derrière le directeur de course ! Ouais, plus que 35 kms pour lâcher les watts.

Je me dirige vers la tête du peloton, en négociant avec les autres coureurs classés. OK, on n’envoie pas avant le prochain village ! 4kms plus tard, c’est parti !

La course est lancée ! Tout le monde pousse pour se frayer un chemin en tête. Un vent latéral léger mais constant fait des échelons, on est déjà plein fer, mon capteur de puissance passe plusieurs fois au-dessus des 4 chiffres. J’adore ça ! Mes jambes non…

Première section de gravel, première montée, je suis lâché ! 3 gars se frayent un chemin. Je collabore à une course poursuite. Je lutte dans la montée suivante… Je suis lâché. Les jambes sont vides ! Il est temps de prendre une dernière dose de caféine ! Cela me vide l’esprit, rafraîchit un peu mon corps… J’ai un kilomètre de plus dans le réservoir.

Je regarde mon Garmin, j’ai atteint le dénivelé maximal ! Je vois une section de gravel sur ma droite ! !! Attendez la tête de course a pris sur la gauche ? WTF ? ?? Je tourne à droite, mon cerveau est clair ! Je pousse les derniers watts que j’ai, plein régime jusqu’à BuenConvento. Je passe la ligne en premier, j’ai réussi à prendre la bonne route… Putain de pros, demandez-leur de pédaler, ils vont oublier de penser… Demandez-leur de penser… ben non, s’il vous plaît, non…

Wow, de toute façon je suis cuit. Juste au bon moment pour servir un plat local – sans gluten et sans lactose – et sauter sur le podium pour une 3ème place au classement général ! Je fais mes valises et je rentre en Suisse. Quoi d’autre ?